pdf in French - Festival d`Aix

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Les Péchés de Rossini
Katharina Melnikova / Scott Conner / Hélio Vida
Lauréats HSBC de l'Académie
7 JUILLET 2016
THÉÂTRE DU JEU DE PAUME
7 JUILLET – 20H – THÉÂTRE DU JEU DE PAUME
Katharina Melnikova LAURÉATE HSBC 2014
Scott Conner LAURÉAT HSBC 2014
Hélio Vida LAURÉAT HSBC 2014
SOPRANO
BASSE
PIANO
GIOACCHINO ROSSINI
Sémiramis
(1792-1868)
(1823)
RÉCITATIF ET AIR D'ASSUR / « Deh ti ferma »
Il Signor Bruschino
(1813)
AIR DE SOFIA / « Ah, voi condur volete... »
Le Voyage à Reims
(1825)
AIR DE DON PROFONDO / « Medaglie incomparabili »
Péchés de vieillesse
(1857-1868)
EXTRAIT DE Quatre hors d'œuvre : « Radis » (pour piano seul)
Le Barbier de Séville
(1816)
CAVATINE DE ROSINA / « Una voce poco fa »
AIR DE BASILIO / « La calunnia è un venticello »
Le Turc en Italie
(1814)
AIR DE FIORILLA / « Presto amiche »
AIR DE FIORILLA / « Non si da follia maggiore »
DUO DE FIORILLA ET SELIM / « Credete alle femmine »
Péchés de vieillesse
(1857-1868)
EXTRAIT DE Quatre hors d'œuvre : « Anchois » (pour piano seul)
La grande coquette
Ave Maria sur deux notes
Avec le soutien de
Les Péchés de Rossini
Figure incontournable de la scène lyrique du premier XIXe siècle, Gioacchino Rossini a donné vie
et voix à une foule de personnages attachants tant par leurs irrésistibles prouesses vocales que
par leurs destins pantomimiques.
Avec Le Voyage à Reims composé en 1825, Rossini répond ironiquement à une commande
royale en brossant les portraits caricaturaux d’une aristocratie en perte de vitesse. Parmi les
élégants curistes désireux de se rendre à Reims pour la cérémonie du sacre de Charles X se
trouve notamment Don Profondo, Italien féru d’antiquités. Dans son air en forme d'énumération
surréaliste, il dresse la liste des bagages de ses compagnons de voyage, en prenant leurs
accents respectifs. Dans Le Barbier de Séville, le vieux Bartolo n’a d’autre arme que la calomnie
pour éviter que sa pupille Rosina ne lui échappe au profit des bras du comte Almaviva. C’est
Basilio, le maître de musique, qui le lui rappelle dans l’air « La calunnia è un venticello »
tandis que Rosina n’a qu’une voix et un « bel canto » pour se défendre. Difficile de résister
aux exhortations de la jeune Sofia qui, dans la farce Il Signore Bruschino, oblige l’imposteur
Bruschino senior, à favoriser son mariage avec Florville en le présentant comme son fils. Avec
l’opéra Sémiramis dont l’héroïne est une mère incestueuse doublée d’une épouse meurtrière,
Rossini discrédite les préconisations de Beethoven selon lesquelles il ferait mieux de se tenir
à l’écart des tragédies et de se réserver au registre comique. Dans Le Turc en Italie, un poète
en mal d’inspiration entraîne dans un imbroglio infernal maitresses, maris, épouses et amants.
Fiorilla et le prince turc Selim n’ont qu’à bien se tenir.
Apanage de l’opéra romantique italien, le « beau chant » privilégie les vocalises vertigineuses
et les ornementations décoratives au détriment parfois d’une profondeur psychologique des
personnages. Rossini fait également la part belle aux bois qui occupent une place prépondérante
au sein de l’orchestre. Or le monde idéal que le Maestro se plaît à dépeindre est loin d’être
complètement déconnecté de la vie réelle dans laquelle les situations peuvent bien souvent se
révéler comiques. Sublimer et transcender le quotidien : telles sont les mots d’ordre de l’opéra
rossinien.
Entre les opéras de Rossini et sa vie réelle, il n’y a qu’un pas. Aussi, pour égayer ses vieux jours
et, plus précisément, les dix dernières années de sa vie, Rossini monte « de toutes pièces »
une retraite musicale des plus hilarantes. Véritables pieds de nez à la finitude de l’existence
et remèdes imparables à l’ennui, Les Péchés de vieillesse, pièces sans prétention aux titres
farceurs et gastronomiques, sont à consommer sans modération !
AURÉLIE BARBUSCIA
GIOACCHINO ROSSINI
Sémiramis
Il Signor Bruschino
« Deh ti ferma »
« Ah, voi condur volete »
[ASSUR]
Si, vi sarà vendetta,
io vivo ancora,
io solo basto. Per ignota via,
di Nino nella tomba là si discende,
io solo l'empio a svenar,
a vendicarvi io volo,
tremi, Arsace !
Ah ! che miro !
là, su quella soglia,
e che ? folle ! deliro !
qual mano, man di ferro mi respinge !
e chi ? desso ! desso !
oh qual sguardi,
un brando ei stringe,
s'avventa a me, fuggiamo,
ah ! ch'ei m'arresta,
lasciami il crin m'afferra,
d'un piè sfonda la terra,
l'abisso ei m'addita !
ei mi vi spinge !
ah no, Ciel ! nè poss'io da lui fuggir !
come salvarmi ? oh Dio !
Si... La vengeance aura lieu.
Je suis encore en vie,
J’y suffirai seul. Un passage secret
permet de descendre d’ici
au tombeau de Ninus,
Moi seul irai tuer l’impie et vous venger.
Tremble, Arzace,
Ah, que vois-je ?
Sur ce trône !
Qu’est-ce donc ? Je suis fou... Je délire ?
Quelle main ! Une main de fer me repousse ?
Qui est-ce ? Lui !
Oh, quels regards !
Il brandit une épée
Il s’approche de moi, fuyons,
Ah ! Il m’arrête
Laisse-moi, il m’empoigne les cheveux
Il éventre le sol du pied
L’abîme ! Il me le montre du doigt
Il m’y pousse...
Ah, non ! Ciel ! Ne puis-je donc lui échapper ?
Comment me sauver ? Oh, Dieu !
Deh ! ti ferma, ti placa, perdona :
togli a me quel terribile aspetto !
quell'acciaro già sento nel petto,
quell'abisso mi colma d'orror !
alla pace dell'ombre ritorna,
ah ! pietà, dell'oppresso mio cor.
Je t’en conjure, arrête ! Calme-toi, pardonne
Délivre-moi de cette terrible vision,
Je sens déjà cette lame dans ma poitrine
Cet abîme m’emplit d’horreur
Retourne dans la paix des morts
Ah, aie pitié de mon cœur oppressé !
Que' Numi furenti, quell'ombre frementi,
l'orror delle tombe, vo ardito a sfidar !
De’ Numi, del fato,
Dell’ombre, di morte,
Quest’anima forte saprà trionfar.
Un esprit vaillant
Saura triompher
Des dieux, du sort,
Des spectres et de la mort.
[SOFIA]
Ah voi condur volete
alla disperazione una figliuola
promessa a degno sposo. E non vi parla
voce di sangue in petto ?
No, creder nol potrei...
Deh ! piegatevi o cielo ! ai voti miei.
Ah ! donate il caro sposo
ad un'alma che sospira.
La mia calma, il mio riposo,
da voi sol dipenderà.
Ah ! Vous voulez conduire au désespoir
Une jeune fille promise à un digne époux,
Pour ne pas dire à l’âme sœur.
Non, je n’ose y croire...
Ciel ! Je vous en conjure !
Daignez exaucer mes vœux.
Ah ! Rendez ce cher époux
à une âme languissante.
C’est de vous seul que dépend
ma quiétude et ma sérénité.
Se crudele persistete
a negarmi l'idol mio,
voi la pena pagherete
della vostra crudeltà.
Si vous persistez
à me séparer de mon bien aimé,
Vous paierez cher le prix
de votre cruauté.
Ma già sento la speranza
che lusinga questo core.
Consolate un dolce amore,
ve lo chiede la pietà.
Mais mon cœur entrevoit
une lueur d’espoir
Ayez pitié !
Daignez préserver ce bel amour.
Le Voyage à Reims
« Medaglie incomparabili »
IO, DON PROFONDO :
Medaglie incomparabili,
camei rari, impagabili,
figli di tenebrosa,
sublime antichita.
In aurea carta pecora
dell’academie i titoli,
onde son membro nobile
di prima qualità.
Il gran trattato inedito
sull’infallibil metodo
[DON PROFONDO]
MOI, DON PROFONDO :
Des médailles incomparables,
des camées rares, impayables,
enfants de la sombre
et sublime antiquité ;
les diplômes, en parchemin doré,
des différentes académies
dont je suis le principal
et très illustre membre.
Le grand Traité inédit
sur la méthode infaillible
di saper ben distinguere,
a prima vista ognor
l’antico del moderno,
di fuori e nell’interno,
ne’ maschi, nelle femine,
e in altri oggetti ancor.
de savoir distinguer
au premier abord
l’antique du moderne,
LO SPAGNOLO :
Gran piante genealogiche
degli avoli e bisavoli,
colle notizie storiche
di quel che ognuno fu.
Diplomi, stemmi e croci,
nastri, collane ed ordini,
e, grosse come noci
sei perle del Perù.
L’ESPAGNOL :
De grands arbres généalogiques
des aïeux et bisaïeux,
avec les notices historiques
de leur origine et de leurs exploits.
Des parchemins, des croix, des décorations,
des rubans, des colliers, des ordres,
et six perles du Pérou,
grosses comme des noix.
LA POLACCA :
L’opere più squisite
d’autori prelibati,
che vanto sono e gloria
della moderna età.
Disegni colorati
dell’alto Pic terribile
d’Harold, Malcolm e Ipsiboe
il bel profil qui sta.
LA POLONAISE :
Les ouvrages les plus parfaits
des auteurs romantiques
qui sont l’honneur et la gloire
de notre siècle.
Des dessins coloriés
du Pic terrible.
Le beau profil d’Harold,
de Malcolm et d’Ipsoboé.
LA FRANCESE :
Scatole e scatoline,
con scrigni e cassettine,
che i bei tesor nascondono
sacri alla Dea d’amor.
« Badate : è roba fragile ! »
qui chiuso, già indovino,
sta il nuovo cappellino,
con penne, merli e fior.
LA FRANÇAISE :
Des grandes et des petites boîtes
avec des cartons, et des écrins
qui renferment des trésors
consacrés à la Déesse de la beauté.
« Prenez garde, c’est du fragile. »
Ah ! Je comprends ; ce carton renferme
le joli chapeau à la mode,
avec des plumes, des dentelles et des fleurs.
IL TEDESCO :
Dissertazione classica
sui nuovi effetti armonici,
onde i portenti anfionici
ridesteran stupor.
De’ primi Orfei teutonici
le rare produzioni,
L’ALLEMAND :
Une dissertation classique
sur les nouveaux effets harmoniques
par lesquels on sera tout étonné
de revoir les miracles d’Amphion ;
les ouvrages les plus estimés des Orphées
Teutoniques avec des modèles inconnus
dans les hommes, dans les femmes,
et dans plusieurs autres objets encore.
di corni e di tromboni
modelli ignoti ancor.
pour des nouvelles formes
de cors et de trombones.
L’INGLESE :
Viaggi d’intorno al globo,
trattati di marina ;
oriundo della China
sottil perlato thè.
Oppio e pistole a vento,
cambiali con molt’oro
i bill, ch’il parlamento
tre volte legger fe’.
L’ANGLAIS :
Plusieurs voyages autour du globe ;
des traités de marine ;
du très-petit thé perlé,
natif de la Chine ;
de l’opium ; des pistolets à vent ;
des lettres de change, avec beaucoup d’or,
et les bills dont le parlement
a fait faire trois fois la lecture.
IL FRANCESE :
Varie del Franco Orazio,
litografie squisite,
pennelli con matite,
conchiglie coi color.
« Son cose sacre. » Ah ! intendo...
Ritratti e bigliettini,
con molti ricordini
de’ suoi felici amor.
LE FRANÇAIS :
Plusieurs charmantes lithographies
de l’Horace Français ;
des pinceaux, des crayons,
des coquilles avec des couleurs.
« Ne touchez pas à ces objets sacrés. »
[ Ah ! Je comprends ;
ce sont des portraits, des billets-doux,
avec les précieux souvenirs
de ses exploits amoureux.
IL RUSSO :
Notizia tipografica
di tutta la Siberia,
con carta geografica
dell’Ottomano imper.
Di zibellini e martore
preziosa collezione,
con penne di cappone
pe’ caschi, e pe’ cimier.
LE RUSSE :
Une notice topographique
de toute la Sibérie,
avec une carte géographique
de l’Empire Ottoman ;
une collection précieuse
des plus riches fourrures,
avec de belles plumes de coq
pour les casques et les chapeaux.
Sta tutto all’ordine, – non v’è che dire ;
né più a partire – si può tardar.
Or l’inviato – certo è tornato ;
de’ snelli e rapidi – destrier frementi
già parmi udire – lo scalpitar.
Sferze e cornette – percoton l’aere,
le bestie struggonsi – di galoppar.
Il gran momento – è omai vicino ;
più bel destino – no non si dà,
e il cor dal giubilo – balzando va.
Tout est en ordre, il n’y a rien à dire ;
et l’on ne doit plus tarder à partir ;
le courrier est sans doute revenu.
Il me semble déjà entendre le frémissement
des coursiers rapides.
Les fouets et les trompettes font retentir l’air ;
les chevaux s’impatientent, et voudraient galoper :
le grand moment approche.
Quel heureux destin !
Mon cœur palpite de joie.
Le Barbier de Séville
« Una voce poco fa »
[ROSINA]
Una voce poco fa
qui nel cor mi risuono' ;
il mio cor ferito e' gia',
e Lindor fu che il piago'.
Si', Lindoro mio sara' ;
lo giurai, la vincero'.
Il tutor ricusera',
io l'ingegno aguzzero'.
Alla fin s'acchetera'
e contenta io restero'
Si', Lindoro mio sara' ;
lo giurai, la vincero'.
Io sono docile, son rispettosa,
sono obbediente, dolce, amorosa ;
mi lascio reggere, mi fo guidar.
Ma se mi toccano dov'e' il mio debole
saro' una vipera e cento trappole
prima di cedere faro' giocar.
Une voix vient de résonner
dans mon coeur,
Déjà, il est blessé,
et c’est Lindor qui l’a meurtri.
Oui, Lindor sera à moi,
je l’ai juré, je l’emporterai.
Il désavouera mon tuteur.
Moi, j’aiguiserai mon esprit,
il se calmera
et j’aurai satisfaction.
Oui, Lindor sera à moi,
je l’ai juré, je l’emporterai !
Moi, je suis docile, je suis respectueuse,
je suis obéissante, douce, tendre,
je me laisse commander, je me fais guider.
Mais, si l’on touche à mon point faible,
je serai une vipère, et avant de céder,
je dresserai cent pièges.
(TEXTE FRANÇAIS : VERSION DE CASTIL-BLAZE, 1824)
Dalla bocca fuori uscendo
lo schiamazzo va crescendo,
Prende forza a poco a poco,
Vola già di loco in loco,
Sembra il tuono, la tempesta
Che nel sen della foresta
Va fischiando, brontolando,
E ti fa d’orror gelar.
Alla fin trabocca e scoppia, si propaga,
si raddoppia,
E produce un’esplosione
Come un colpo di cannone,
Come un colpo di cannone,
Un tremuoto, un temporale,
Un tumulto generale
Che fa l’aria rimbombar.
E il meschino calunniato,
Avvilito, calpestato,
Sotto il pubblico flagello,
Per gran sorte va a crepar.
Le Turc en Italie
« Presto amiche »
« La calunnia è un venticello » [BASILIO]
La calunnia è un venticello
Un’auretta assai gentile
Che insensibile, sottile,
Leggermente, dolcemente,
Incomincia, incomincia a sussurrar.
Piano, piano, terra terra,
Sottovoce, sibilando,
Va scorrendo, va scorrendo
Va ronzando, va ronzando
Nell’orecchie della gente
S’introduce, s'introduce destramente
E le teste ed i cervelli
Fa stordire e fa gonfiar.
La calomnie est une brise
un petit souffle bien aimable
qui imperceptible et mince
légèrement doucement
commence à susurrer
tout doucement
terre à terre
À voix basse, sifflante
va glissante, va bourdonnante
dans les oreilles du monde
s'introduit adroitement
Elles assomme et fait gonfler
les têtes et les cerveaux
En sortant de la bouche
Le tapage s'intensifie
elle prend force petit à petit
vole déjà de lieu en lieu
ressemble au tonnerre
à la tempête qui dans la forêt
va sifflante, grondante
et te fait geler d'horreur
à la fin déborde et éclate
se propage et redouble
et produit une explosion
comme un coup de canon
comme un coup de canon
un tremblement, un orage
un tumulte général
qui fait gronder l'air
La mesquine calomnie
humiliée, piétinée
sous le fouet public
par grande chance, va crever.
(FIORILLA)
Presto, amiche : a spasso a spasso ;
Vo’ quest’oggi a respirar.
Cento amanti – i più galanti
Vo’ quest’oggi conquistar.
Sì ; son volubile, son capricciosa
Non sento repliche – non sento critiche
Vo’ divertirmi – voglio goder ;
Viva la moda ! Viva il bel tempo !
Viva l’amore ! Viva il piacer !
Vite, chères amies : allons faire un tour ;
Aujourd’hui je veux respirer.
Cent amants des plus galants
Je m’en vais aujourd’hui conquérir.
Oui ; je suis d’humeur changeante,
[je suis capricieuse
Je ne prête attention ni aux réponses,
[ni aux critiques
Je veux me divertir – je veux m’amuser ;
Vive la mode ! Vive le beau temps !
Vive l’amour ! Vive le plaisir
« Non si da follia maggiore »
(FIORILLA)
Non si dà follia maggiore
Dell’amare un solo oggetto :
Noia arreca, e non diletto
Il piacere d’ogni dì.
Sempre un sol fior non amano
L’ape, l’auretta, il rio ;
Di genio e cor volubile
Amar così vogl’io,
Voglio cangiar così,
Voglio cambiar così.
« Credete alle femmine »
Il n’y a pas plus grande folie
Que d’aimer un seul objet :
Le plaisir de chaque jour
Ennuie et n’abuse pas.
L’abeille, la brise, le ruisseau
Ne se contentent pas d’une seule fleur ;
Volage d’esprit et de cœur,
C’est ainsi que je veux aimer
Et que je veux changer.
Et que je veux changer.
(SELIM ET FIORILLA)
SELIM :
Credete alle femmine
Che dicon d’amarvi !
Di un nulla si sdegnano
Minaccian lasciarvi.
Di donna l’amore
È un foco che more
Appena brillò.
SELIM :
Croyez donc aux femmes
Qui prétendent vous aimer !
Elles s’indignent d’un rien
Et menacent de vous quitter.
L’amour d’une femme
Est un feu qui s’éteint
Sitôt qu’il a brillé
FIORILLA :
Credete a quest’uomini
Che avete d’intorno !
Per tutte sospirano ;
Non amano un giorno.
Son l’aura d’estate
Che più non trovate,
Appena spirò.
FIORILLA :
Croyez donc ces hommes
Qui tournent autour de vous !
Ils soupirent pour toutes les femmes
Mais n’aiment qu’un seul jour.
Ils sont comme la brise de l’été :
à peine a-t-elle soufflé,
la voilà déjà repartie.
SELIM :
È ingiustizia lamentarsi
Se si sprezza un cor fedele.
SELIM :
C’est une injustice de se lamenter
Lorsqu’on méprise un cœur fidèle.
FIORILLA :
Bella cosa allontanarsi
Per non dir che si è infedele.
FIORILLA :
C’est une belle chose que de s’éloigner
Pour ne pas dire qu’on est infidèle.
SELIM :
Io nol sono.
SELIM :
Je ne le suis pas.
FIORILLA :
A voi non parlo.
FIORILLA :
Ce n’est à vous que je parle.
SELIM :
Come !
SELIM :
Comment !
FIORILLA :
No, no, no.
FIORILLA :
Non.
SELIM :
Parea di sì.
SELIM :
On aurait dit que oui.
FIORILLA :
In Italia certamente
Non si fa l’amor così.
FIORILLA :
En Italie,
Ce n’est certainement pas ainsi qu’on aime.
SELIM :
In Turchia sicuramente
Non si fa l’amore così.
SELIM :
En Turquie,
Ce n’est certainement pas ainsi qu’on aime
FIORILLA, poi SELIM :
Ma se dura la questione
Prende foco e se ne va.
Si discorra colle buone
Ed allor si placherà.
FIORILLA, et SELIM :
Mais si la discussion se prolonge,
Il/elle va s’enflammer et s’en aller.
Discutons calmement,
Et alors il/elle s’apaisera.
SELIM :
Dunque sperar non posso !
SELIM :
Je ne peux donc pas espérer !
FIORILLA :
Dunque schernita io sono !
FIORILLA :
Me voilà donc bafouée...
SELIM :
La vostra man ...
SELIM :
Votre main...
FIORILLA :
Non posso.
FIORILLA :
Je ne peux pas.
SELIM :
Idolo mio, perdono !
SELIM :
Mon idole, pardon !
FIORILLA :
Lo meritate ?
FIORILLA :
Le méritez-vous ?
SELIM :
Io v’amo.
SELIM :
Je vous aime.
FIORILLA :
E mi amerete ?
FIORILLA :
Et vous m’aimerez ?
SELIM :
Ognor.
SELIM :
Toujours.
FIORILLA, SELIM :
Tu m’ami, lo vedo.
Mi fido, ti credo ;
Ma torna mia vita
A dirmelo ancor.
Se infida/infido ti sono,
Se mai t’abbandono
Sia sempre la pace
Straniera al mio cor
FIORILLA ET SELIM :
Tu m’aimes, je le vois,
J’ai confiance, je te crois ;
Mais redis-le-moi encore,
Mon amour.
Si je te suis infidèle,
Si jamais je t’abandonne,
Que la paix soit toujours
Etrangère à mon cœur.
Les Péchés de vieillesse
« La grande coquette »
La perle des coquettes
Ne fait que des conquêtes
Dans ses riches toilettes
Aux Menuets de Cour.
Pour moi tournent les têtes,
Les cœurs sont pris d'amour,
Et je crois même qu'un beau jour
J'ai fait trembler Pompadour !
Dans une belle ivresse
Plus d'un marquis s'empresse
À m'offrir sa tendresse...
Je les dédaigne tous.
En vain chacun m'implore,
Me jure qu'il m'adore à genoux...
Je veux que l'on m'admire,
Pour moi que l'on soupire ;
De l'amour que j'inspire,
De ce brûlant délire
Moi je ne sais que rire.
Ma foi ! Tant pis pour eux !
Malheur aux amoureux !
La perle des coquettes...
J'ai fait trembler Pompadour !
À plus d'une rivale
Je fus souvent fatale ;
Ma grâce triomphale
A séduit maint galant,
Coquette sans égale,
Qu'on n'aime qu'en tremblant.
On pleure, on se désole
Aux pieds de son idole vainement,
Avec indifférence
J'aime à voir la souffrance
D'un cœur sans espérance,
En proie à la démence
Implorant ma clémence,
Mais sans me désarmer...
Non, je ne veux jamais aimer.
Brillants Seigneurs, muguets de Cour,
Pour vous jamais d'amour.
Et si vous me faites la cour,
N'espérez nul retour.
Pour vous jamais d'amour !
Ave Maria sur deux notes
A te che benedetta
Fra tutte sei, Maria,
Voli la prece mia,
pura s’innalzi a te.
Maria, Maria.
Ah sì! del mio cammino
Sii la propizia stella...
Per venir teco, bella
Sarà la morte a me!
Ave Maria
Oh toi femme bénie,
Entre toutes les femmes, Marie,
Accepte mon humble prière en offrande.
Marie, Marie.
Oh, sois sur mon chemin
l’étoile favorable...
Si je peux te rejoindre,
Que la mort sera belle !
Katharina Melnikova
Après avoir étudié le chant à l’Académie de
musique de Minsk, la soprano biélorusse
Katharina Melnikova intègre en 2008
la classe de Joanna Borowska-Isser à
l’Université de musique et des arts de Graz.
Durant sa formation, elle incarne entre
autres Galatée (Acis et Galatée, Haendel) et
Barbarina (Les Noces de Figaro, Mozart) dans
les productions du MUMUTH (Haus für Musik
und Musiktheater). Parallèlement à cela, elle
se perfectionne auprès de Chantal Mathias,
Gabriele Lechner, Michèle Crider et Ellen
Rissinger, ainsi que des chefs d’orchestre
Edoardo Müller, Marius Stieghorst et Gerrit
Prießnitz lors des cours d’été organisés par
l’American Institute of Musical Studies. En
2012, le Musikverein de Graz la sélectionne
pour participer à la série de concerts AMABILE,
qui valorise les jeunes talents. Peu de temps
après, l’institution lui offre le rôle-titre de La
Belle Galatée (Franz von Suppé), tandis que le
Deutsche Oper de Berlin voit ses débuts sous
les traits de Despina (Così fan tutte, Mozart).
En 2014, Katharina Melnikova prend part à la
résidence Rossini de l’Académie du Festival
d’Aix, dont elle est nommée Lauréate HSBC.
En 2015 et 2016, elle multiplie également les
collaborations en Allemagne, incarnant ainsi
la Princesse Fedora Palinska (La Princesse
du cirque, Emmerich Kálmán) au Festival
d’opérette de Cobourg mais aussi Adèle (La
Chauve-souris) et la Reine de la Nuit (La Flûte
enchantée) au Theater Baden-Baden.
Scott Conner
Diplômé de l’Academy of Vocal Arts de
Philadelphie et de l’Université du MissouriKansas City, la basse Scott Conner remporte
en 2012 les Concours de chant Gerda Lissner
et Loren L. Zachary (États-Unis) et décroche
la bourse Sara Tucker de la Fondation Richard
Tucker. Les premières années de sa carrière,
marquées par les rôles de Figaro (Les Noces
de Figaro, Mozart), Masetto (Don Giovanni,
Mozart), Alidoro (La Cenerentola, Rossini) et
Curio (Giulio Cesare in Egitto, Haendel), lui
permettent de poser les bases de ce qui sera
son répertoire de prédilection : les opéras
de Mozart, Haendel, Rossini, Donizetti et
Verdi. Durant la saison 2012-2013, il intègre
le Junges Ensemble du Semperoper de
Dresde, où il incarne entre autres Colline (La
Bohème, Puccini), Sparafucile (Rigoletto,
Verdi) et Don Basilio (Le Barbier de Séville,
Rossini). Fin 2012, le Kennedy Center de
Washington l’invite à chanter dans Le Messie
de Haendel aux côtés du National Symphony
Orchestra et, en 2014, il prend part à la
production du Chevalier à la Rose (Richard
Strauss) programmée par les BBC Proms au
Royal Albert Hall de Londres. Il se produit
aujourd’hui sur de nombreuses scènes et
festivals internationaux, parmi lesquels
figurent l’Opéra de Lille, l’Opéra de Zurich,
l’Opéra d’État de Bavière, l’Opéra national
des Pays-Bas, l’Opéra de San Francisco,
le Festival de Glyndebourne mais aussi le
Festival d’Aix-en-Provence, où son apparition
sous les traits de Tyndare/Neptune (Elena,
Cavalli) lui vaut le titre de Lauréat HSBC de
l’Académie du Festival d’Aix en 2013, et où il
revient en Thésée (Le Songe d’une nuit d’été,
Britten) en 2015.
Hélio Vida
Après avoir étudié le piano à l’Université
de l’État du Minas Gerais (Brésil) et au
Conservatoire régional du Grand Nancy,
Hélio Vida se forme auprès de Michael Uhde
et Markus Stange à la Hochschule für Musik
de Karlsruhe (Allemagne), où il obtient son
diplôme de Master en Piano (2012) et en
Musique de Chambre (2015). Parallèlement
à cela, il intègre la classe de Lied de Markus
Hadulla et se perfectionne avec le Quatuor
Fauré ainsi qu’avec la pianiste Angelika
Merkle. Il suit également des formations
d’accompagnateur à l’Opéra national des
Pays-Bas et au Grand Théâtre de Varsovie.
Boursier de la Fondation Richard Wagner de
Karlsruhe, Hélio Vida remporte plusieurs
concours de piano et de musique de chambre ;
il gagne ainsi le premier prix du 23e Concours
international de piano Cláudio Arrau (Chili) en
2007 et est lauréat HSBC de l’Académie du
Festival d’Aix en 2014. Cette même année, il
obtient le prix de pianiste accompagnateur au
Concours Mendelssohn à Berlin. Aujourd’hui,
Hélio Vida donne de nombreux récitals en
Amérique du Sud (Brésil et Chili) et en Europe
(Royaume-Uni, Pays-Bas, France, Allemagne,
Pologne, Italie, Lettonie, Suisse). En-dehors
de ses activités de soliste, il travaille comme
chef de chant à l’Institut für MusikTheater
de la Hochschule für Musik de Karlsruhe
(aux côtés notamment de la soprano Julia
Varady) et collabore avec la pianiste Larissa
Gergieva à l’occasion d’une master class sur
le répertoire vocal russe à l’Opéra national de
Lettonie. Il est par ailleurs l’accompagnateur
officiel du 8e Concours international de chant
« Voix Wagnériennes » à Bayreuth en 2015.
Attaché à l’accompagnement des jeunes talents, HSBC
s’associe depuis 2006 à l’Académie du Festival d’Aix-enProvence. Chaque année la direction artistique du Festival
sélectionne une nouvelle promotion de chanteurs, pianistes
chef de chant et ensemble de musique de chambre.
Le Groupe HSBC France soutient ces jeunes artistes –
les Lauréats HSBC – choisis parmi les talents les plus
prometteurs de l’Académie, qui prolongent l’expérience
acquise pendant le Festival en se produisant lors de
récitals et concerts aussi bien en France qu’à l’étranger.
Projet cofinancé par la commission européenne. Cette publication n’engage que son auteur et la Commission n’est
pas responsable de l’usage qui pourrait être fait des informations qui y sont contenues.
30 JUIN – 20 JUILLET 2016
CONCERTS
Dissonances - Mozart
Lauréat HSBC – Quatuor Van Kuijk
2 JUILLET – CONSERVATOIRE DARIUS MILHAUD
Une Cigogne de nuit
Emmanuel Baily
6 JUILLET – HÔTEL MAYNIER D'OPPÈDE
Freiburger Barockorchester
Gottfried von der Goltz
Daniela Lieb / Sebastian Wienand
12 JUILLET – HÔTEL MAYNIER D'OPPÈDE
Quatuor Arcanto
14 JUILLET – CONSERVATOIRE DARIUS MILHAUD
15 JUILLET – CONSERVATOIRE DARIUS MILHAUD
Intégrale des Motets de Bach
Raphaël Pichon
Ensemble Pygmalion
17 JUILLET – CATHÉDRALE SAINT-SAUVEUR
Orchestre des jeunes de la Méditerranée
Raphaël Imbert / Jean-Guihen Queyras
18 JUILLET – HÔTEL MAYNIER D'OPPÈDE
Zoroastre - Rameau
Raphaël Pichon / Ensemble Pygmalion
7 JUILLET – THÉÂTRE DE L'ARCHEVÊCHÉ
18 JUILLET – GRAND THÉÂTRE DE PROVENCE
Les Péchés de Rossini
Lauréats HSBC – K. Melnikova / S. Conner / H. Vida
19 JUILLET – CONSERVATOIRE DARIUS MILHAUD
7 JUILLET – THÉÂTRE DU JEU DE PAUME
Raphaël Imbert New Quintet invite
Marion Rampal
8 JUILLET – HÔTEL MAYNIER D'OPPÈDE
Philharmonia Orchestra - Stravinski
Esa-Pekka Salonen / Karole Armitage
9 JUILLET – GRAND THÉÂTRE DE PROVENCE
Mélodies Tziganes
Lauréats HSBC – Chloé Briot / Michalis Boliakis
Jean-Guihen Queyras invite Stéphane Degout
Orchestre des jeunes de la Méditerranée
Cairo Jazz Station / Ziryâb et nous
19 JUILLET – HÔTEL MAYNIER D'OPPÈDE
Quatuor Tana
Lauréat HSBC – Wilhem Latchoumia / Garth Knox
20 JUILLET – CONSERVATOIRE DARIUS MILHAUD
Orchestre des jeunes de la Méditerranée
Marko Letonja
20 JUILLET – GRAND THÉÂTRE DE PROVENCE
9 JUILLET – THÉÂTRE DU JEU DE PAUME
Jean-Guihen Queyras / Alexander Melnikov
11 JUILLET – CONSERVATOIRE DARIUS MILHAUD
RETROUVEZ TOUTE LA PROGRAMMATION SUR WWW.FESTIVAL-AIX.COM
Le Festival d’Aix-en-Provence s’est engagé depuis 2010 dans une politique de développement durable et invite
ses festivaliers à participer à cette démarche. Le présent document est réalisé par un imprimeur Imprim’vert, qui
garantit la gestion des déchets dangereux dans les filières agréées, avec des encres bio à base d’huile végétale sur
du papier FSC fabriqué à partir de fibres issues de forêts gérées de manière responsable.
Festival d’Aix-en-Provence / siège social Palais de l’Ancien Archevêché – 13 100 Aix-en-Provence
N° de licence entrepreneur du spectacle : 1- 1085 612 / 2- 1000 275 / 3- 1000 276
photo Concert des Lauréats HSBC © Vincent Beaume / design graphique - Céline Gillier
FESTIVAL
D’AIX-EN-PROVENCE
Nuit de la création
Œuvres contemporaines et créations mondiales